La pièce :

Un maître et son valet se parlent, s’observent, se répondent, s’obstinent, persévèrent, s’enferrent dans un dialogue à première vue philosophique, mais très vite déjanté.
Le maître acariâtre – image d’un pouvoir qui s’essouffle - , miné par d’inavouables questions, est diaboliquement scruté par un valet obsessionnel.
Le maître alterne rumination misanthropique et sombres silences. Le serviteur se voue à une quête effrénée du sens et de la précision du langage. Déférent, obséquieux, intelligent sous ses airs benêts, il tend un piège à son maître.
Une joute oratoire, où, peu à peu, la distribution des rôles est remise en question.


Mot de l'auteur, suite à la première :

« Encore merci pour tout, cher Emmanuel, votre excellente mise en scène, à la fois si juste et si inventive ; votre jeu et celui de Jérôme, si bons tous les deux ; …

Grâce à vous, j'ai connu "de purs moments de bonheur", … »


Quelques commentaires sur le texte :


« Le texte lui-même est un régal, la parodie à la fois drôle et grave d’une rencontre atemporelle… » B. Longre, Sitart Mag (internet), 18 mars 2002

« Il y a bien sur des influences, mais il y a surtout
l’écriture de Jean-Claude Hauvuy, singulière, étourdissante et jubilatoire, qui ne ressemble à rien de ce qui s’écrit dans le théâtre français d’aujourd’hui… » Laurent Vercelletto

«
Un texte intelligent, drôle, littérairement de qualité. La langue en est recherchée, le style virtuosement maîtrisé... »  Nelly Gabriel in le figaro 2002


Un extrait :

« … LE VALET, un ton plus haut : Monsieur !
Que dois-je comprendre ? Que puis-je croire ?
LE MAITRE : Comprends ce que tu peux. Crois ce que tu veux.
LE VALET : Monsieur ne m'aide guère.
LE MAITRE : Qui m'aide, moi ? Tu as la bonne place, va.
LE VALET : J'en ai conscience, Monsieur. La nuit quand j'ai fini de recopier les pensées de Monsieur, quand j'ai fini d'apprendre par coeur les plus belles, quand j'ai renoncé à me casser vainement la tête sur les plus ardues, je lève le nez de dessus mon cahier, je regarde par la vitre - je ne vois rien, jamais, la nuit ici le ciel est toujours d'un noir d'encre, c'est surprenant, j'ai du mal à m'y faire, même si la surprise toujours renouvelée atténue quelque peu ce que la chose a de désagréable - alors, malgré la distance qui sépare nos chambres, j'entends le bruit des pas de Monsieur qui tourne en rond, j'ai l'ouïe très fine, et, bien sûr, les nuits où Monsieur crie, j'entends ses hurlements.
LE MAITRE : Tu m'entends crier la nuit ? Moi, non. Je dois dormir.
LE VALET : Rêver, peut-être.
LE MAITRE : Je crie comment ?
LE VALET : Un cochon qu'on égorge, Monsieur. »